Séminaire du CET

Traduction et Transdisciplinarité 2016-2017 : Traduction, instance du déplacement - décembre 2016

Traduction et Transdisciplinarité 2016-2017 : Traduction, instance du déplacement - décembre 2016

L’autotraduction

Chiara Montini

Lundi 5 décembre 2016

17h30-19h30, Salle 247E (Bâtiment Halle aux Farines)

L’autotraduction est un phénomène qui a longtemps été ignoré par la critique. Il y a eu, bien sûr, des travaux sur des « autotraducteurs » d’exception tels que Samuel Beckett et Vladimir Nabokov, mais des études plus générales sur l’autotraduction n’ont vu le jour que récemment. À ma connaissance, la première définition attestée du mot « auto-translation » (aujourd’hui on préfère l’appeler « self-translation ») est celle de Popovic parue en 1976 dans le Dictionary for the Analysis of Transaltion. Selon le traductologue slave, l’autotraduction est “the translation of an original work into another language by the author himself” ([1976]: 19). Ensuite, en 2008, Rainier Grutman, donne une définition plus  approfondie. Je reprends et élargis ces définitions dans le Handbook of Translation Studies (John Benjamins 2103, mise à jour 2015).

Depuis une douzaine d’années, les études et colloques sur l’autotraduction  se sont multipliées.

Mais qu’est-ce que l’autotraduction ? Pourquoi a-t-elle été négligée à ce point jusqu’aujourd’hui ?

Je proposerai ici une définition d’autotraduction en montrant des exemples non seulement d’autotraduction (Beckett, Nabokov, Huston), mais aussi de phénomènes qui s’y apparentent (par exemples, les glossaires des auteurs (Prato), ou bien les auteurs qui « traduisent » les dialogues censés être prononcés dans une langue différente par rapport à celle du texte (Ferrante), ou encore les auteurs qui effacent le texte d’origine et ne publient que la version en une langue (Fenoglio).  

Ma présentation ne se terminera pas par des conclusions, mais par des questions telles que:

  • l’autotraduction peut-elle être considérée comme une nouvelle discipline ?
  • quelle est sa relation à la traduction proprement dite ?
  • quelles sont les différentes façons de pratiquer l’autotraduction ?
  • Quelles sont les pratiques que nous pouvons considérer comme des autotraductions à proprement parler ?

Les exemples tirés des auteurs tels que Samuel Beckett, Beppe Fenoglio, Nancy Huston, Vladimir Nabokov, Dolores Prato, I. B. Singer et même Elena Ferrante, feront l'objet de notre analyse.

Traduction et Transdisciplinarité 2016-2017 : Traduction, instance du déplacement - Novembre 2016

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 Traduction et Transdisciplinarité 2016-2017 : Traduction, instance du déplacement - Novembre 2016

| Séminaire |

Traduction, interprétation et médiation dans le système judiciaire : l'accès au droit des migrants d'Inde du Nord et du Pakistan en France

Bénédicte DIOT-PARVAZ AHMAD

17h30-19h30, Salle 247E (Bâtiment Halle aux Farines)

Nul n’est censé ignorer la loi. Il est pourtant souvent difficile de comprendre le droit, discipline à la réputation absconse, surtout lorsqu’on est migrant dans un pays dont on ne maîtrise ni la langue, ni les codes culturels. Concerné par la garantie des droits du justiciable, l’Etat français prévoit la mise à disposition d’interprètes et de traducteurs pour ceux, défendants, plaignants ou victimes, qui ne comprennent pas le français afin de les intégrer au processus judiciaire. Le droit est un domaine technique qui impose un double niveau d’interprétation : heuristique (interprétation des textes) et sociolinguistique (d’une langue et d’un système culturel à l’autre), ce dernier aspect imposant l’adaptation du message pour en faciliter la compréhension par le public. Ces travaux de thèse s’inscrivent dans la continuité d’un master professionnel TRM et d’un master recherche en sciences du langage ciblant les communautés parlant le hindi, l’ourdou ou le pendjabi afin de leur rendre le droit accessible et faciliter leur intégration. En effet, les populations venues d’Asie du Sud sont familiarisées avec un contexte juridique emprunt de common law (système anglo-saxon) et de droit coutumier. De fait, de nombreux concepts du droit français leur semblent inintelligibles. Quelques pays à forte tradition migratoire, dont le Canada, ont toutefois développé des ressources et des techniques d’aménagement terminologique ou « localisation » terminologique. Par un travail de collection et d’étude de corpus du domaine judiciaire ainsi que d’une adaptation de la terminologie tenant compte des facteurs socio-culturels et linguistiques mis en jeux chez ces populations migrantes, ce projet vise la production d’une terminologie de la procédure pénale sous forme de glossaire multilingue qui servira d’interface entre les populations migrantes concernées et les intervenants sociaux ou judiciaires.

Traduction et Transdisciplinarité - Mai 2016

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| Séminaire |

Le traducteur au centre du jeu : la traduction didactique.
Présentation du site web de traduction du Réseau des Études sur la Corée.

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Yannick Bruneton (professeur à l'UFR LCAO/CCJ)
http://crc.ehess.fr/index.php?178

17h30-19h30, Salle 247E (Bâtiment Halle aux Farines)
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Fruit de plusieurs années de réflexion et de pratique de la traduction de textes des sciences humaines et sociales de la Corée (langues sources : coréen et chinois classique) vers le français au sein du groupe de travail sur la traduction lié à l’Equipe Corée de l’UMR 8173, mené par Alain Delissen, un site web de traduction présentant une partie des travaux a été élaboré par Yannick Bruneton. Il est actuellement hébergé sur le site du Réseau des Etudes sur la Corée dans le cadre d’un programme de recherche en études coréennes francophones. Le site, intitulé « Atelier de la traduction », fonctionne autour de trois principales rubriques : « Texte original », « Traduction(s) », « Autour du texte ». Dans sa conception, il place le traducteur au « centre du jeu », affirmant donc sa subjectivité, et l’assumant jusqu’à élaborer (s’il le souhaite) plusieurs traductions ainsi qu’un discours sur son travail à travers l’analyse du texte et du contexte, à différents niveaux. Un tel discours ne restitue pas nécessairement les « échafaudages » ou la « cuisine » du traducteur à l’état brut, mais il constitue un libre espace d’expression de ce que le traducteur veut transmettre. La visée est donc didactique. Le travail de traduction ici, libéré de nombres de contraintes économiques et sociales qu’implique un travail d’édition « de marché », rompant par ailleurs avec les pratiques courantes d’effacement du « je (/ jeu) » du traducteur, prend tout son sens comme processus marqué par la subjectivité (analyse critique, questionnement, doute, hésitation, voire aveu d’impuissance). Dans ce cadre, la traduction est d’abord didactique avant d’être cataloguée comme littéraire ou pragmatique. En cela, elle reflète le travail des universitaires en « études aréales » s’adressant à un public varié et motivé (étudiants, collègues, spécialistes, grand public). Le site, évolutif et en développement selon les besoins des traducteurs et des utilisateurs, a donc vocation à compléter l’outillage des voies d’accès à la connaissance et à l’intelligence des mondes coréens du passé et du présent.

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Traduction et Transdisciplinarité - Avril 2016

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L'effet Babel dans l'entre-deux langues

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Claire Gillie

Discussion : Elise Pestre
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L’acte de traduire est un acte de restauration de la lettre ; sans céder à l’illusion d’optique de la lettre. C’est la tâche du traducteur de repêcher des mots à la dérive, fracassés par les autodafés ou les radicalisations. Comme dans le doublage, il s’agit de prêter sa voix et sa langue au jeu d’acteur du Dichter, l’écrivain ; alors s’engage un véritable corps à corps, lettre à lettre, syntaxe à syntaxe avec les signifiants et les concepts. Le traducteur se fait alors passeur, confronté à la diffraction métonymique du signifiant.

La question qui est posée à la traduction, et au traducteur surtout s’il est psychanalyste, consiste à éclairer les rapports que l’opération de traduction entretient avec l’hypothèse de l’inconscient, telle qu’elle est mise en jeu par le transfert de langues. Nous venons de Babel ; y retournons nous par mouvements de spirale et d’écriture, dans l’entre-deux langues où nous convie l’acte de traduire ?

Claude Maillard nous répond à sa façon – façon d’analyste, façon d’écrivain – depuis son ouvrage Le scribe : « L’effet Babel est un effet de lecture d’un il y a/il n’y a pas. D’entre les deux, le trait qui donnerait l’ouverture. Le sujet serait là dans la langue à tout ou à pas faire. Faisant acte de ce qu’elle n’arriverait pas à dire, de ce qu’elle n’a pas à dire mais qu’elle dirait à l’osé du champ de transférence orientant le sens, et sur le lieu d’une transhumance sans fin qui se prête au voyage. »

 

 

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Traduction et Transdisciplinarité - Mars 2016

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Lire le Maghreb en anglais,
entre traductologie et histoire du livre

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Susan Pickford - Université Paris-Sorbonne

Discussion : Antoine Cazé

Le 7 mars 2016, 17h30-19h30, salle 247E, Halle aux Farines
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Depuis les travaux fondateurs des années 1980 (Susan Bassnett, Lawrence Venuti...) élargissant le champ au domaine culturel, la recherche en traductologie reconnaît que la pratique traductionnelle s'insère dans un environnement complexe et par définition supranational, environnement dans lequel l'identification des caractéristiques politiques, juridiques, économiques... des locales cible et source a toute son importance. Cette communication prendra comme point d'entrée dans le champ le récent tournant sociologique en traductologie et sa proximité de plus en plus évidente avec l'histoire du livre, champ de recherche dont le processus d'institutionnalisation fait miroir à celui de la traductologie. Je me pencherai plus particulièrement sur un cas d'étude en cherchant à mettre en lumière les facteurs surdéterminant la traduction ou non de la littérature maghrébine de langue arabe et/ou française en anglais.

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Traduction et Transdisciplinarité - Février 2016

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La traduction numérique multilingue: aspects et enjeux

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Philippe Lacour
Professor Adjunto au département de philosophie de l'Université Fédérale de Brasilia (Brésil)

Discutant : Nicolas Froeliger

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De nombreux outils numériques d'aide à la traduction existent aujourd'hui, mais très peu sont adaptés aux textes littéraires ou de sciences humaines, dont la sémantique, notoirement complexe, semble ne devoir se prêter à aucune automatisation. Ma présentation visera à montrer que cette lacune apparente est en réalité imputable à une conception trop limitée de la sémantique (et de la traduction), et qu'une philosophie du langage enrichie peut nous permettre d'imaginer de nouvelles formes d'interaction avec les machines. 

TraduXio est une interface (basée Web) construite avec une informatique hétérodoxe et originale, qui se concentre sur la suggestion et l'interprétation: elle ne se substitue pas aux traducteurs mais vise au contraire à stimuler leur créativité tout en protégeant leur travail. C'est le seul outil qui permette de travailler de façon réellement collaborative dans un cadre de traduction multilingue, offrant la possibilité de consulter une concordance multilingue et précise (sur des corpus construits avec soin), de comparer différentes versions, de constituer des glossaires... J'illustrerai son fonctionnement, tout en insistant sur quelques enjeux juridiques et politiques touchant la circulation internationale des œuvres.

 

Traduction et Transdisciplinarité - Janvier 2016

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De la traduction à la parole :
l’hébreu nouvelle langue maternelle

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Keren Mock
UFR Etudes Psychanalytiques, Université Paris Diderot

Discussion : Elise Pestre

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Principalement employé sous forme écrite et dans le cadre de la liturgie au fil des générations entre le IIème et le XIXème siècles, l’hébreu s’est ensuite constitué comme langue parlée quotidiennement. Cependant, quels sont les matériaux nécessaires pour créer une nouvelle langue maternelle ? Quel est le processus aboutissant à son adoption par ses locuteurs ? Enfin, quel rôle occupe la traduction dans cette aventure psychique singulière ?

Dans la lignée de ses textes sur le mythe, l’origine, le sacré et le fait religieux, Freud évoque ce bouleversement langagier. La reconstruction d’une langue maternelle à partir de ses fondations textuelles est particulièrement éclairante pour se représenter la création d’une pensée, d’une conscience, dont le substrat résulte d’une archéologie du mythe.L’hébreu nouvelle langue maternelle soulève ces questions de l’oubli et de la mémoire, de la dépossession et de la reconnaissance, du sacré et du profane dont la dialectique, pour reprendre les termes de Freud, témoigne d’une « réminiscence tirée de l’histoire juive ».